dimanche 6 septembre 2009

Naissance de la SARD : ça avance


Septembre est décidément propice à l'actualité du livre ; logique, c’est la traditionnelle rentrée littéraire. Sur fond de procès, protestations, empoignades, le numérique frappe à nos portes. Amazon proteste contre le Réglement (Google Books Settlement) proposé par Google (ben oui, va y avoir perte de position dominante, et puis Microsoft chancelant, boulimique, en phase anorexique, cherche de nouvelles ressources... Apple va probablement entrer en lice comme elle l’a si brillamment fait avec l’iPod puis l’iPhone ; alors quand l’iTruc dédié au livre va surgir, d’autres « désagréments » vont naître, au détriment notamment des auteurs qui, légitimement se se font un sang d’encre. Avec eux les libraires. Nous en avons avons enregistré les inquiétudes à l’occasion des conférences numér’île de Ouessant fin août.


Musique, cinéma, littérature, même combat ?

Si la musique (contrairement à ce l’on tente de nous faire croire par l’entremise de la psychose générée via Hadopi, prétexte liberticide grossier pour abonder les bas de laines des majors —on remarquera au passage que l’artiste est absent du dispositif—) résiste plutôt bien*, il en va autrement pour l’Ecrit (la notion de livre me semble dépassée) dont les auteurs, seuls géniteurs de cette industrie, apportent la valeur ajoutée  : la « substantifique moelle ».

Des offres existent pour la musique et le cinéma, en achat via ’iTunes ou de nombreuses plate-formes de location (rien n’a tué quoi que ce soit). Une fois de plus, contrairement aux affirmations, ces deux pans de notre culture prospèrent. Globalement, pour faire court, il se vend plus d’oeuvre à moins d’exemplaire d’où la « sensation » que le marché s’érode. Bien au contraire et c’est en termes de consommateurs que l’inflation se gagne. Un peu moins d’exemplaires mais plus d’oeuvres à l’arrivée.


Suite à l'appel lancé, sur ce blog, le 3 septembre, aux fins de saisir les plus hautes instances sur la problématique de la rémunération des auteurs, une initiative vient d'être lancée : la création de la SARD. Nous en parlons en détail ci-après. Néanmoins, le cas de l’Ecrit reste à bien des égards une bombe à retardement tant, en France, les syndicats et le gouvernement brillent par leurs positions pour le moins timorées. Le France s’éloigne petit à petit du Siècle des Lumières, faute de combativité et de d’imagination. Pas grand monde pour prendre fait et cause pour les auteurs.


* Enquête en mars 2009, commanditée par le ministère de l’Education, de la Culture et des Sciences, des Affaires économiques et de la Justice au Pays-Bas et relayée par Fabrice Epelboin sur ReadWriteWeb, ici.


La position du Syndicat National de l'Edition

Le SNE, j'ai relu ses textes, voir ici n'intègre pas (du bout des lèvres pour le moins) l'auteur dans ses réflexions (les raisons demeurent obscures), par omission, peut-être (c’est un constat). Le soucis du SNE est avant tout de préserver les acquis des éditeurs (légitime). Bis repetita, sans auteur, point d'éditeur, point de libraire : CQFD.

Au passage, remarquons le tissus de perles du paragraphe : « quelques idées reçues » une MàJ s’impose... de bonnes intentions, hasardeuses, aussi... quant au concret...


Il faut revoir la convention de Berne, reconsidérer la répartition qui revient aux créateurs/auteurs (à distinguer des ayant-droits). La manne récoltée par l'industrie du Livre soit rétribuer plus équitablement l'auteur. L'arrivée du numérique est une occasion inespérée de s'y atteler et d’apporter des réponses percutantes.


OK avec le SNE : les éditeurs, le livre et la TVA

Personne n’envisage de supprimer l'éditeur, quand bien même le numérique frappe à nos portes. Je suis en phase avec le SNE : 

1- l'éditeur demeure —plus que jamais— un acteur incontournable, ad vitam 

2 - le livre est le contenu, pas l'"emballage" (papier ou/et les octets)

3 - le taux de TVA doit passer à 5,5%, c'est ce delta de a 14%) qui plombe le prix des oeuvres numériques ; 

Trois points auxquels je souscris. Le SNE en ce sens a raison.


Papier numérique : prix identique difficilement justifiable

Curieusement, le SNE  milite pour un prix identique (numérique vs papier) et les arguments déployés ne tiennent pas la route parce qu’indubitablement les frais d'impression et de façonnage, plus ceux du circuit de diffusion sont largement supérieurs aux frais inhérents aux prestations de numérisation ; la calculette a ripé de pas loin d'une virgule. Donc non seulement le coût de production d'un ouvrage numérique est moindre mais, de surcroît la rémunération peut s'avérer plus profitable à l'auteur... pour un prix de vente... moindre. Cette prise de position m'apparaît pour le moins hasardeuse, soyons certains qu'Amazon et autres ne l'entendent pas de cette oreille pour promouvoir son business model et là, le SNE ne pèsera pas lourd...


L'impact en termes de protection de l'environnement

L'impact environnemental pour lequel le SNE semble à côté de la plaque en nous expliquant que le livre électronique génère 250 fois plus de nuisance qu'un livre papier. Le propos est imprécis : parle-t-on de l’énergie nécessaire pour fabriquer un terminal de lecture contre un livre? a-t-on pris en compte l’énergie grise (celle consommée au total pendant le cycle de vie du produit de sa conception au recyclage) ? C’est sur le nombre de livres lus que la différence se creuse... en faveur du livre électronique ! Là, on peut en parler avec des spécialistes neutres (c-à-d. non issus du lobby des papetiers...) ; disons avec l'ADEME, au hasard... Le SNE n’étaye pas ses propos. [on est en phase, Charly ?]. Pas d'accord avec le SNE, assertions à confirmer.


la SARD, trublion ou solution miracle ? 

SARD (Société d'Acceptation et de Répartition des Dons) à découvrir ici. 

Si l'initiative semble louable, sans procès d'intention a priori, cette initiative est troublante. Elle apparaît précipitée dans son calendrier en regard de l'actualité chargée. Ne vaudrait-il pas mieux attendre la conférence du Ministre de la Culture ? Suivie une semaine plus tard du votre de l'Hadopi à l'Assemblée nationale ?

Hadopi aura sans aucun doute des répercutions sur le Livre. N'est-il pas souhaitable d'en attendre les tenants et aboutissants pour en afûter la pertinence ?

De plus dans son acte de naissance, la SARD s'adresse en priorité aux auteurs créant dans l'univers numérique. Pourquoi distinguer/opposer les deux process ? Je devine dans la création de la SARD un levier d'influence pour infléchir sans doute le ministère ??? Bon vent à cette courageuse entreprise !


Trois idées pour en arriver où ?

Alors que la licence globale, jusqu'alors défendue est controversée par de nombreux détracteurs ; alors que l'offre légale présentée le 3 septembre par Frédéric Mitterrand est en gestation, apparaît une troisième voie défendue par la SARD : le mécénat global. Laquelle des trois est meilleure ? Est-ce un savant dosage entre-elles  ou une autre, d'autres alternatives ? 


In fine, des pistes pour agir

Toutes ces interrogations nécessitent une table ronde préalable avec tous les acteurs et au moins trois Ministères : Culture, Economie numérique et Economie et Finances (pour la TVA).

Compliqué et complexe, mais la nécessaire réussite du challenge en justifie la mise en musique rapide.  Ceci ne se fera pas dans l'instant mais doit néanmoins se faire, pour en fnir avec des décennies, des siècles (!) de mépris des auteurs.


Faute de quoi, la situation, déjà insoutenable, avec  l'arrivée imminente de Google, Amazon, Sony, Microsoft, Yahoo! et Apple dans le paysage de l'édition provoquera tôt ou tard une carence d’oeuvres, les auteurs, exsangues pour la plupart, ne pourront continuer de créer. 


C’est notre mémoire, nos cultures qui sont concernées... Puisse cette modeste contribution apporter une réponse efficace à l‘impérieuse nécessité de prendre, enfin,  fait et cause pour nos auteurs !


NB - En savoir plus

Le point de départ de ce billet était l’annonce de la création de la SARD, annonce que j’ai amendée avec quelques lectures récentes issues du web. Pour autant de larges plages d’ombres nécessiteraient une billet beaucoup plus long. J’ai pris le parti de les occulter aux fins de  rédiger un article pas trop indigeste. Vos avis et éclairages sont évidemment autant d’éléments à porter au crédit de cette démarche destinée à apporter une réponse aux droits d’auteurs.

Enfin, pour répondre à Jean-Christophe Courte, j’apporterai la réponse que m’a faite Hervé Benvault en m’indiquant le lien d’Affordance, ici, qui a dressé un panorama « cossu » sur la question. Bonne lecture, tout (?) y est. A compléter par la lecture de « Le livre est mort, vive le livre » chez In Libro Veritas, ici. 


NNB - La critique est aisée...

A l’heure de conclure de billet, je découvre un article sur lemonde.fr : « Rallumons les téléphones mobiles dans les classes ! » ici 

Décidément, rien ne tourne plus rond... telle a été ma première réaction en lisant le titre, sauf que, à la lecture jusqu’au bout, j’y trouve des arguments choc qui font la différence. La signature de l’article rédigé par Hubert Guillaut (La Feuille que je vous incite fortement à fréquenter). Quelques bonnes véritées transparaissent du type : “Il semble quelque peu ironique que les écoles essaient de trouver des fonds supplémentaires pour augmenter l’accès des étudiants et des enseignants aux TIC, alors que l’outil que beaucoup d’étudiants ont déjà dans leurs poches est négligé et que son utilisation a été énergiquement niée par des politiques scolaires restrictives.”

Quand nos moralisateurs cesseront-ils de nous intoxiquer avec leurs puérils : «  t’es content de ton joujou... »? En lieu et place de s’interroger de la pertinence des terminaux et de leurs usages induits. A jouer au mariole, à réfuter toute avancée technologie, ce sont ceux-là même qui se déplacent en supersonique, en voiture, regardent la télévision plus de trois heures en moyenne par jour, consomment du fast-food, j’en passe et des meilleures... Difficile de concevoir, dans nos sociétés, la non-pensée unique.

Les blogueurs/webacteurs font plus pour la propagation des idées de fond que certains journalistes people-isés... A propos d’Hubert, je signale le BookCamp 4 qui se déroulera le 26 septembre, tout est là  où seront abordés entre-autres : “les applications iPhone pour le livre”, un atelier sur “la BD de demain”, un atelier sur “être auteur à l’heure du web 2.0, un “atelier sur les passerelles tangibles pour les supports numériques”, ...


Last but certainly the least... 

La rue de Valois porte dans ses gènes le virus de la scoumoune qu’il n’hésite pas à transmettre à ses locataires. Anéfé (-:), après l’irrésistible pare-feu d’Office de notre pas regrettée ex-ministre, le nouveau locataire vient de se voir attribué le titre de troll extrême par degroupnews.com pour son "grandiose"  « internet libre »... à lire ici.

Aucun commentaire: