jeudi 29 octobre 2009

Prognostication nouvelle


illustration tirée de la couverture "Nostradamus and his prophecies, by Edgar Leoni, sur Google Search Books


Le titre exact de l'ouvrage " Prognostication nouvelle et prediction portenteuse" nous informe Ouest-France ce jour, sera un des tout premiers ouvrages (unique exemplaire au monde) qui sera numérisé par Google en novembre. Ce livre est conservé à la bibliothèque municipale de Lyon qui a conclu un partenariat avec Google en vue de numériséer de 450.000 à 500.000 titres sur 6 à 10 ans.

Pour en savoir plus, connaître tous les aspects du contrat de partenariat conclu, connaître les points de vue des défenseurs et des opposants à la démarche googlienne, vous reporter en page Culture/Regards (toutes éditions de OF) du jeudi 29 octobre 2009.

Patrick Bazin, directeur de la bibliothèque de Lyon déclare notamment : "Permettre à des lecteurs du XXIe siècle d'accéder à des livres du XVIe siècle, ça ma paraît une une belle façon de démocratiser la culture" : j'adhère à ce propos ; le point de vue de Jean-Noël Janneney, ancien directeur de la BNF délivre un tout autre message...

Au passage, bon anniversaire à internet ; le 29 octobre 1969, le professeur Kleinrock faisait communiquer deux ordinateurs via le réseau (qui n'en n'était pas encore un...). À découvrir également sur la même page du quotidien breton.

mardi 27 octobre 2009

Et peut-être plus de 3 fois moins...


... que ce que le sondage nous indique, nous le rappelle Bruno Rives, ici.

Quant à son aspect (20 modèles suggérés ici), il est également probable que toutes les esquisses soient à côté de la plaque (ou pas...) bien que la proposition d'Adan Benton (solution avec un dock/craddle permettant l'usage d'un clavier pour en faire l'usage d'un laptop me séduise).

D'accord, cette prise de position est carrément tiède... Cependant j'ai vraiment un faible pour le concept du Nook de Barnes&Noble (bi-écran dont un petit LCD) qui a l'inconvénient de consommer une surplus d'énergie non négligeable mais ne sommes nous pas habitués avec l'iPhone à une autonomie réduite ?

Les solutions adossées à un chargeur solaire me semblent une excellente riposte à l'affirmation d'Unberto Eco : sur une île déserte, impossible de consulter un livre électronique (difficile en outre d'échouer par hasard sur une île déserte avec une bibliothèque de 3,650 et quelques ouvrages...) :-)

Unberto —dont personne ne remet en cause le grand talent— nous apprend également qu'il aurait du mal à consulter ledit dispositif électronique dans sa baignoire... tant il est vrai que de nos jours, nous prenons tous des bains... (en lisant la princesse de Clèves ? : ceci semble réservé aux locataires du palais élyséen...)

Quoi qu'il en soit, dès sa sortie, je me jette dessus... comme la ... sur le ...

samedi 24 octobre 2009

Les députés "se trompent". Et les cours du soir, alors ?

illustration DR : http://www.voyagevirtuel.info/grece/ecard/epidaure-epidavros-746.php

Par un fait extra - ordinaire, lors de la séance de vote, dans le cadre du budget 2010, les députés on voté hier après-midi (vendredi 23 octobre 09) un texte de loi.

Jusque là rien d'exceptionnel si ce n'est, nous relate les Échos, ici, qu'à l'issue du vote 44 pour et 40 contre (tiens je croyais qu'ils étaient 577, nos députés. Quoi ? Ah oui, c'est les vacances scolaires. C'est vrai, c'est pour ça qu'on les a élus, nos députés, pour conduire leur famille en vacances.) 2 députés UMP s'aperçoivent de la boulette (on leur a fait remarquer, probablement...)

Bercy communique à l'AFP qu'il y a eu "erreur technique" (humaine ?). Pas de soucis, on revotera semaine prochaine.

Morale de l'histoire : quand ça passe pas, on recommence (cf Hadopi ou référendum irlandais sur l'Europe)... Vous avez dit démocratie ?

Ben oui, jusqu'à ce qu'on obtienne par tous les moyens possibles (éthiques ?) le résultat escompté. C'est ça la nouvelle gouvernance comme ils l'appellent...

Euh, ça existe les cours du soir pour éviter que les députés se trompent lors d'un vote ?


samedi 17 octobre 2009

Editeurs et libraires US bientôt atomisés ?

évidemment, illustration tirée du nyt...

Une fois de plus, l'info nous parvient du New York Times, ici. Décidément un site incontournable, follower insatiable de l'universd"livres électroniques" qui se bâti au jour le jour ( Noël à J-78).

Hier c'est Wal-Mart (n° 1 mondial de la grande distribution, rappelons-le) qui a décidé d'entamer les hostilités afin de rafler la mise sur le ventes des bestsellers (je vous laisse deviner les répercussions sur le segment de la version numérisée: ebook).

Suite à nos nombreux allers-retours entre Amazon et Wal-Mart, et en vue de se positionner sur le juteux marché de la di$tribution ;-) de l'écrit, via marketing interposé, la descente aux enfers se dessine sous nos yeux hagards.

Et comme à l'habitude parce nous sommes incapables de réagir (nous sommes des professionnels aguerris de la non action...) nous laissons faire.

Oui mais que faire diront certains ? Bon ben alors, laissons faire.

Bref, il s'agit de savoir qui remportera le concours du "prix le plus bas". Jusqu'alors, le prix psychologique d'un ebook était 9,99 $ (au cours d'aujourd'hui = 6,70 €). Suite à la gué-guerre initié hier, nous en sommes à 8,99 $ pour le livre papier. Qui dit mieux ???

C'est déjà 59% à 74% en-dessous du prix "standard. Qui a dit que ça aller s'arrêter là ?

Et bien je vous paie mon billet qu'ils vont inventer une autre carotte du type : "Tu m'en pend 5 et je t'en offre un sixième GRATUIT" ou quelque chose de similaire.

Possibilité du prix de vente en France (sur cette tendance US) : "avec 5 achetés à 12 €, le Renaudot en prime" (non mais faut pas déc******, on va quand même pas les mettre à 6,70). T'as raison Henry, je délire.

On parie ???

Donc, pour en revenir au tire de ce post, et au regard de ce qui se trame aux US, quelle place restera-t-il pour les éditeurs et les libraires ? Parce que QUAND MEME, faudra bien les rémunérer nos auteurs.

Continuons le combat : atomisons éditeurs et libraires ?

Faudrait-y pas se grouiller d'agir, Monsieur Mitterrand ???

jeudi 15 octobre 2009

"Voilà plusieurs années que l'édition nous enfume"

C'est pas moi qui le dit, ça se lit sur bibliobs, ici


Autres extraits :


" Aujourd'hui, nous sommes largués. Le problème, c'est que le Syndicat de la librairie française (S.L.F.) ne veut pas faire de vagues. Pourtant, nous avons encore du poids. Nous devrions tenter de peser sur les négociations avec Google, en faisant du chantage auprès des grands groupes d'édition."


"Il faut financer l'infrastructure informatique, avec un gros serveur pour gérer le stock. Une chose est sûre : si on loupe le coche, on peut faire nos valises"


Si vous avez besoin d'une adresse, Apple à une époque faisait des Xserve, pas mal du tout ;-)


... Ils sont mal barrés... Moral dans les baskets à tout le moins...


Ça contraste avec l'avis de Charles Kermarrec (Dialogues, à Brest dans le top 4 des librairies indépendantes) toujours sur le même bibliobs qui fait un tour de France des libraires suite à l'annonce de Google Edition (voir post précédent qui en fait est après celui-ci...). Notre Breton du bout du monde à l'inverse déclare :


"Presque aucun libraire n'est équipé pour la vente en ligne. Les maisons d'édition ont-elles aussi du retard. Le marché est encore balbutiant, entre Hachette, qui a racheté Numilog, et Editis. C'est un fait : Google s'est réveillé plus vite que tout le circuit français"

c'est pour situer le débat puis d'enchaîner :

"Nous avons déjà eu des contacts avec Google. C'est un peu le compagnonnage entre le pot de terre et le pot de fer, mais ce n'est pas pour autant un compagnonnage désagréable."


Bon voilà qui va mieux, y en a qui savent tirer les marrons du feu et qui, au préalable, ont anticipé, car :

"...je ne suis pas inquiet. Je ne crois pas à la disparition du papier. Je crois même à une convergence entre les formats. Nous avons ainsi déposé un brevet, qui consiste à imprimer sur le livre un code qui, une fois scanné, renvoie vers une édition numérique. Le digital s'intègre ainsi à l'univers du libraire ».


C'est connu, la Bretagne est à la pointe des nouvelles technologies.


Allez comprendre quelque chose, on vit une drôle d'époque...


mercredi 14 octobre 2009

La fusée numérique part en aquaplaning. Google reprend les commandes

illustration Jim Gartner - Flick'r


Tous les clignotants, bloqués au rouge depuis quelque temps sont subitement passés au vert. C'était éminent, prévisible.


Google, survitaminé, vient juste de passer en mode overdrive et rectifie ainsi la trajectoire. Suées nocturnes.


C'est hier à 23 h sur le site de Livres Hebdo, ici que la nouvelle es tombée, en direct (presque) de Frankfort : Google annonce son petit dernier : Google Edition.


Rien d'autre sur la toile avant ce matin, sur La Tribune, puis chez ebouquin, ici. Ce même ebouquin nous décrit le nouveau reader tout chaud sorti de chez Gizmodo pour Barnes & Noble (je vous le disais, tout part en crabe, la chaussée est glissante, tout le monde se jette dessus).

La nuit dernière, même pas un entrefilet sur le New York Times ni le Wall Street Journal. Encore moins sur nos titres nationaux ni spécialisés. Silence radio.


Ont-ils été atomisés par la nouvelle ?

Ou plutôt n'ont-ils pas pris la mesure de l'événement ?


Cela bruissait depuis quelques semaines, on sentait venir le coup. Le Google Book Settlement, mis en stand by par le report de la cour de justice de l’état de New York n’a pas infléchi pour autant le timing que s‘était fixé Google. Tout est prévu au millimètre, à n’en pas douter. La stratégie était écrite : Noël c’est dans exactement 80 jours...


80 jours de quoi surfer relax dans un voyage fantastique auquel nous convie Google. Tout est clos cacheté, peaufiné, calé aux petits oignons.


Les e-readers (contenant, l’outil) sont fins prêts et on nous promet quelques dizaines de milliers de ventes pour les fêtes de fin d’année. Quant au contenu, entre Google, le projet Gutenberg et les bonnes dizaines de sites de chargement LEGAUX, sans compter l'AppStore avec déjà quelques milliers de références, "ça devrait largement le faire".


Les pièces du puzzle s’emboîtent à la perfection

Depuis, tout s'emballe dans l'univers de l'édition numérique : depuis les annonces de commercialisation de dispositifs de lectures, au quotidien, jusqu'à la mise en place programmée des contenus en passant par la création de plateformes de diffusion numériques regroupant les editeurs "majeurs". Les éditeurs découvrent les vertus du numérique qui leur apparaît soudain une formidable machine à dynamiser les ventes.


Ben voyons, le mois dernier, c'était assimilé à du terrorisme. Bref, passons, quand il faut récupérer de la monnaie, les grandes déclarations font place au pragmatisme... capitaliste...


Google, assurément est le maître du jeu et détient de surcroît tous les jokers. Parti très tard dans l’aventure de la numérisation (1972 : le projet Gutenberg de Michaël Hart est lancé : 200.000 versions électronique de livres tombés dans le domaine public en 37 ans... Google près de 10.000.000 en 5 ans. Le rapport est vertigineux. Bien sûr avec une autre puissance de feu et une technologie terrassante.


Et Google est bon an mal 2,5 fois plus prolixe que Gallica, aujourd’hui. Europeana disposera en 2010 de 6.000.000 d’ouvrages du fonds européens (27 états), Google sévit sur la planète. Google dispose d’un fonds privés (les siens) alors qu’Europeana dépend des ressources publiques... Google dispose de réserves énormes par le biais de filiales dans le domaine des nouvelles technologies comme Nanosolar qui produit des panneaux solaires dernière génération, plus ses propres activités, véritables machines à cash. La capitalisation boursière de Google frôle les 150 milliards de $... (au coude a coude avec Apple qui la précède de 2 milliards de $).


Des nouveaux acteurs vont faire leur apparition

Un des chapitres, dans ce contexte prolixe en annonces est certainement celui découvert ce soir sur le New York Times, à lire ici.


Anéfé ;-) Jane Friedman, annonce la création de Open Road Integrated Media dont la vocation est de rééditer -en numérique- les ouvrages de grands noms de la littérature US. 16 mois après avoir quitté son poste à la direction de Harper Collins, elle prend, à 64 ans un nouveau départ. Ainsi le NYT écrit :

« Electronic “is going to be the center of the universe,” said Ms. Friedman, a flamboyant and relentless booster of authors during her four-decade career in New York publishing. “We really think that what we’re going to do is to help transform the industry, which is built on models that we all know are broken.”


Et ce n’est pas tout, Mme Friedman va proposer du rich media : vidéos, une vraie machine de guerre est en marche. Son catalogue propose d’ores et dejà près de 1.000 titres.

Et là-bas aux US, d’autres s’y mettent et pas des moindres : Penguin Group, Simon & Schuster, Scholastic.


Des Jane Friedman, bien sûr, dans les semaines à venir il y en aura tant et tant. Ici, Hatier va livrer des manuels scolaires numériques de Math et Histoire-Géo pur les 6e... Hachette-La Martinière, Editis s'engouffrent dans le numérique aussi. Dépêchons, y en aura pour tout le monde !

Alors, que nous rappelle actualitté, ici, "Sidérant. On se souvient des propos tenus par Jean-Marc Roberts, l'éditeur de Stock, lors d'une émission sur France Inter, cet été, qui assurait que les ebooks, très peu pour lui, sauf peut-être pour des livres qui ne se vendraient pas très bien", Stock annonce Françoise Sagan sur l'iPhone. Triple salto arrière AVEC double saut périlleux retourné, siou plaît...

Les uns après les autres, TOUS y viendront : survie de l'espèce... Attention à la marche en sortant...

C’est parti, demain, nous serons à 79 jours de Noël.

Et tout le monde attend le dernier outil d’Apple qui, lui, ne viendra (peut-être) qu’au printemps 2010, histoire d’en rajouter une pincée...


Oui, nos éditeurs ont bien raison de s’agiter, mais bon, fallait pas jouer les timorées, c’était inéluctable ; vos histoires de vélin, d’odeur d’encre et tout le tremblement, nous l’avions deviné c’était de la daube. Tout au plus un mauvais marketing... Bon après tout, l'erreur est humaine... si on veut, d'accord.


A vous auteurs, profitez de ce spectaculaire bond en avant pour renégocier vos contrats ; étudiez et verrouillez bien les clauses liées au numérique, ou alors passez directement dans une coopérative du type www.publie.net, François Bon saura vous épauler.


dimanche 11 octobre 2009

58 millions d’euros pour aider la presse. Judicieux ?

illustration tirée d'un article de J.F. Kahn sur : nouvelordremondial


Jusque là vilipendé, diabolisé, voire maudit, le numérique s’érige comme une alternative que bon nombre d’acteurs économiques vont porter / portent déjà aux nues. Ses détracteurs d’hier voient aujourd’hui en lui la planche de salut pour préserverdes pans entiers de l’économie en phase de déclin.


C’est le cas —entre autres— de la presse. Mais n’est-ce pas une planche savonnée ? Son émergence par le biais d’aides étatiques n’intègre-t-elle pas dans ses gènes une part malsaine de comportements douteux qui tentent les industriels ou les dirigeants à transgresser ce pour quoi ces subsides sont destinées ?


Le gouvernement attribue 18 millions d’euros à la presse...

Lors des assises du journalisme à Strabsbourg, jeudi dernier 8 octobre, Frédéric Mitterrand confirme l’octroi de 18 millions d’euros à destination des journalistes afin d’assurer leur transition vers les médias numériques (entendez par là, publiés sur le net). Lire ci l’article de Xavier Ternisien - lemonde.fr.


En effet, l’attribution de cette somme appelle plusieurs remarques ; je développerai une seule qui m’apparaît essentielle pour l’avenir de cette profession.


Soudain, le numérique, jusqu’alors considéré comme un gros mot, prend les couleurs de la vertu et devient l’outil salvateur destiné à sauver la presse...


Ajouté à cela que le gouvernement va également doter la profession de 20 autres millions pour moderniser l’outil de production (les rotatives, mais à quoi bon si on se tourne vers le numérique, l’investissement étant abyssal ???). Et pour clore le tout, encore 20 millions pour soutenir la presse numérique (rien compris à ce concept ambigu : activité numérique liée à l’impression ou passage au net ???) 18 + 20 + 20 = donc 58.


So what ?

Mais non, le compte n’y est pas. Les arguments développés par la presse ont toujours été : le numérique est notre ennemi, il creuse notre tombe (expression repris par de nombreux libraires à propos l’arrivée attendue (?) du numérique dans l’univers de l’édition).

Le gouvernement rend-il service aux journalistes en leur proposant de se précipiter vers les site en ligne ? [pour ma part je trouve fort utile de pouvoir en temps réel, découvrir un édito, un dossier, une actualité sur internet, sachant qu’il est impossible de s’abonner à une vingtaine de titres généraliste et autant de titres spécialistes, économiquement parlant. La visibilité sur le net est un plus indéniable].


En effet, les médias auront un mal fou à en tirer profit, à transformer deux siècles de presse écrite en site internet. Ils ont farouchement lutté hier contre internet, y sont venus contraints et forcés par le comportement des internautes, ont tenté d’initier des modèles économiques qui se sont tous révélés catastrophiques en termes de résultats. Ils pensent que l’heure est venue de s’y mettre une fois pour tous. C’est trop tard. (1)


Il est trop tard et ce sont eux-même qui par manque de vigilance ont créé cet inextricable situation

On ne gagne pas à tous les coups. Vouloir profiter d’internet est en soi louable, mais les conditions pour y arriver ne sont pas au rendez-vous, loin s’en faut. Nous l’avons vu, ils n’y ont pas cru, ont (dans l’ensemble) mis en ligne des informations trop souvent « people-isées » ou trop « dégradées », appauvries pour apporter une réelle valeur ajoutée (réservant aux lecteurs du papier la quintessence de leurs écrits). Les internautes n’ont pas accès à « leur jus de cerveaux » à moins de payer au prix fort l’info. Et pourquoi ?


Comment vont-ils faire revenir les lecteurs vers eux ? Avec la même stratégie : que nenni ! Un autre modèle économique : faudra être convaincant... A moins que, s’inspirant du business model de Steve Jobs (l’iTunes music store pour le contenu et l’App Store pour les applications) ils se « résignent » à rétropédaler : ce n’est gagné. Ce n’est pas dans la façon de faire des grands patrons de presse globalement plus obnubilés par les résultats que par soucis d’humanisme.


Steve Jobs est-il un humaniste ?

Oui, il a ouvert l’industrie de l’informatique (Macintosh) d’abord puis des outils grand public (iPod puis iPhone) vers quelque chose en accord avec notre temps.


Sa vision, ses actes sont ainsi : donner facilement accès au contenu à un prix tout à fait correct, juste, pour son auteur, réaliste pour le consommateur (plus de 8 milliards de titres ont été achetés en 8 années d’existence sur l'iTunes au prix de 0,99 euro le morceau —en réalité : 0,69 ou 0,99 ou 1,29 €— dont 70% pour l’ayant-droit).


Bref, Steve Jobs va dans le sens opposé de ce qui se fait encore aujourd’hui : l’achat d’une imprimante jet d’encre est sous-évalué (à 90 euros on trouve de bonnes imprimantes en WiFi) alors que l’encre est vendue à près de 1.000 (oui, mille) euros le litre (refaites les calculs, y a pas erreur).


Cela dit, Steve doit rendre des comptes à ses actionnaires et il vend cher, très cher sa technologie (le matériel) parce que derrière, il y a une R&D conséquente, ses produits vont vers l’humain. C’est justifié, réaliste ; ce n’est pas du marketing attrape-gogos.


L’ordinateur, chez Apple, est au service de l’Homme, contrairement à l’ensemble de l’industrie qui n’a jamais eu le sens de l’ergonomie, celle du comportement humain normal (cf aller dans « démarrer » pour éteindre son ordinateur : c’est définitivement, depuis longtemps un non sens jamais corrigé depuis 30 ans...).


Idem pour l’iPhone : l’écran tactile est vraiment sensible au toucher, nul besoin d’enfoncer fortement le doigt sur l’écran...) et le business model de l'App Store est une réelle innovation, des années-lumière devant micro$oft qui m'arrive même pas en copiant, à grappiller des part de marché significatives...


Ce n’est pas un prix réaliste ni adapté aux attentes

Pourquoi devrais-je payer plus d’un euro pour accéder à un article/dossier ?

C’est le cas du Wall Street Journal, mais aussi du Monde, des Échos mais aussi de certains quotidiens régionaux qui ponctionnent (tentent de ponctionner) une forte somme pour accéder à la mise en ligne. En gros le prix l’accès à un article est largement supérieur à l’achat du support papier duquel il est issu. Ce système ne peut pas irradier, crise économique ou pas, ceci ne change rien, c’est voué à l’échec. Définitivement.


Bien sûr, au lieu d’un achat au coup par coup, en s’abonnant, on obtient un tarif bien meilleur mais encore prohibitif. Quand j’achète un morceau de musique sur iTunes, il m’est facturé 0,99 € et pour l’album de 10 titres, c’est 9,99 €. Jobs ne se pollue pas les neurones : il n’est pas nécessaire d’établir un barème dégressif cabalistique, c'est un marketing sain. Quoi de mieux que d’attaquer à un prix « raisonnable » plutôt que de chercher à fidéliser le consommateur par un ticket d’entrée forçant l’acheteur à prendre un paquet de 25 consultations qu'il n'utilisera probablement pas. C'est sur la même base désuète que celle des tarifs des abonnements au téléphone mobile (dont AT&T vient de créer un tsunami en ouvrant l'accès à la VoIP cette semaine, idée que vont évidemment reprendre les trois opérateurs historiques hexagonaux... pourvu que Free débarque... un jour...).


Les gens du marketing manquent un peu de pragmatisme, faire simple est pourtant plus aisé (à moins d’avoir à justifier une quelconque valeur ajoutée qui reste à démontrer...).


Proposer gratuitement pour créer une addiction qui sera ensuite... payante.

C’est un calcul « retour sur investissement » trop léger. Ça eût marché (encore que ça reste à démontrer, sur la durée), mais c’est fini. Tout le monde, presse y compris a délibérément essayé sans résultat tangible, essentiellement par méconnaissance du comportement des consommateurs.


La génération Y, les native internet ont toujours tout consommé gratuit, c’est un dogme : depuis la télé, la radio. Comment leur faire comprendre qu’il faut payer les contenus qui circulent sur internet ? C'est aussi une appréhension différente des valeurs : les seniors ont identifié un fichier comme un bien, notion assez absconse chez les ados pour qui le bien est matérialisé par un objet et non pas nécessairement une donnée immatérielle.


Le modèle économique de la TV (avant l’arrivée des cryptées) et de la radio est basé sur la « réclame » et ce n’est pas différent sur internet.


Consultez Google : de la pub.


Consultez le site d’une radio ou d’un site communautaire : de la pub. Donc amalgame : internet, c’est comme la radio, gratuit. Comment dès lors inculquer cette notion que la musique téléchargée est du « vol » ? Est-ce pour autant du piratage ? Ceci fera l’objet d’un autre post développé ultérieurement ici et dont Thierry Crouzet, à lire ici comme bon nombre ont à dire. Ce sont les propulseurs, les propellers qui s’inscrivent dans une logique du don...


On pourra lire également la dernière livraison de Books ici à propos des mirages de la gratuité, article (traduit d'un dossier paru dans le NewYorker du 6 juillet 2009) dont je ne partage pas globalement les positions mais qui apportera un éclairage différent voire contradictoire à ce que j’énonce.


Et on voudrait (la presse aussi) rétablir un modèle économique (celui du siècle/millénaire précédent). Hadopi était justement l’inverse de ce qu’il fallait faire, le répressif n’est pas un modèle d’éducation et internet ne sera jamais contrôlé par personne, c’est inscrit dans son existence.


Le législateur aussi est surtout coupable.

Bien sûr, les élus, ignorants des technologies ont précipité ces comportements, les ont encouragés, en « laissant faire ». Ils n’ont pas vu le coup venir, eux non plus et ils tentent de se rattraper en commettant Hadopi.


Car Hadopi ne réglera en rien le sort des auteurs spoliés (qui des internautes ou des majors spolie le plus les auteurs ???...) tant qu’une solution de financement (qui ne soit pas de une nouvelle sorte de taxe qui n’avoue pas son nom, au service d’une industrie de « fumeurs de cigares invétérés » dans leur majorité ; je modère, connaissant des producteurs intègres qui font bien leur job, en Bretagne, ailleurs, je ne sais pas).


On ne modifie pas les comportements en taxant le citoyen. La technique est surannée est contre-productive. Les députés et sénateurs ont choisi la pire des solutions essentiellement parce qu’ils sont totalement hermétiques et étrangers aux nouvelles technologies.


Fallait pas autoriser les logiciels de peer-to--peer. Ou tout du moins en appréhender la perversité. Au lieu de ça, on a laissé coulé...


Mais il faut dire que ça arrangeait bien les petits copains : on a voulu droguer les jeunes au gratuit et maintenant on veut leur faire payer, quitte à les transformer en délinquant (c’est-à-dire sans doute ouvrir d’autres brèches pour qu’ils se munissent de liquidité afin d’acheter leur dope (la musique). C’est dingue.


Par ailleurs, écoutez les auteurs, ceux qui ne sont pas dans le sérail, les jeunes créateurs. Par exemple Julien Doré dans une interview chez svmpod qu'on ne trouve pas en ligne (un comble pour une revue dédiée à l'iPod/iPhone, otils symptomatiques du .. numérique). Ceux-là ne demandent qu’à bénéficier du P2P : c’est leur outil de promotion, le marketing du 3e millénaire, tel qu’ils le conçoivent. Arrêtons de les castrer. Faut se renseigner, écouter la génération Y. fallait pas les doper au P2P.


Its too late : ils sont tellement drogués à leurs musiques, leurs univers (nous en sommes tous responsables) qu’il se précipitent en masse à chaque concert : dommage, ça ne rapporte pas autant au major qu'aux artistes... :-)). Ne cherchez pas l’erreur, la réponse est là : quoi, je ne touche pas au passage, on va se faire une bonne petite Hadopi pour compenser. La suite, on connaît. Le législateur a fait son boulot... en son âme et conscience (oui, Samir, il y aussi le mot science).


À quand la table ronde avec tous les acteurs pour se désengager du guêpier ? Tiens je vais poser la question à mon député : on ne sait jamais...


Et l’édition ?

Et bien nous reverrons jaillir le même phénomène dans les mois à venir et je suis certain que sur le même schéma nous aurons droit à une déliquescence due au piratage des écrits qui sera sanctionnée avant que dans quelques années, on en revienne au modèle de Steve Jobs qui entre-temps aura offert à un prix raisonnable (sans doute grâce à la complicité de Google qui n’est pas le diable qu‘on tente de désigner pour assouvir nos erreurs législatives latentes) un accès à la lecture. Un comble pour un visionnaire qui ne voit pas en la lecture l’avenir des générations. Mais sur ce coup-là, Steve aurait-il raison ? J’en doute, sur vélin ou sur tablette, l’Homme aura toujours le besoin profond de lecture. A coup sûr !


Cela aussi fera l’objet d’un autre post à venir.


Bien sûr, l’Histoire se refait... personne ne l'ignore...


(1) Rupert Murdoch, spécialiste des virages à 180° vient de décider de remettre payant l’accès à certains titres de son groupe qui détient de nombreux titres en Australie, 3 en Grande-Bretagne et 3 aux USA dont le Wall Street Journal. Au total 175 journaux.

Propriétaire également du réseau social MySpace et de la chaîne d’actualités FoxNews, c’est un eurosceptique convaincu et combatif, tendance Faucon...

Parmi ses conquètes, on note des journaux économiques de stature comme le Wall Street Journal ou The Times mais aussi des quotidiens « people » dans leur majorité.