vendredi 6 novembre 2009

Exquis réquisitoire (de Fortune) sur Steve (Jobs)


Steven Paul Jobs est avant tout, un être d'exception qui traverse les décennies en traçant un sillon dans lequel ses suiveurs (les entreprises informatiques de la Silicon Valley, aux portes de San Francisco, en Californie) s'empressent de planter leurs graines avec l'espoir d'en tirer profit. 33 ans que ça dure...


Pour autant, avons-nous compris quel sillage il trace et où il va, où il nous conduit ?


La dernière livraison de Fortune, dans son classement annuel des 500 plus grandes entreprises US, fait la une sur un titre élogieux : Steve Jobs CEO (P-D. G.) de la décennie, rien de moins ! (les esthètes apprécieront au passage une composition typographique harmonieuse mêlant deux fontes). Quelques sous-titres relevés en une dont : "comment il a changé notre monde". Si ce n'est pas dithyrambique...


Sans vouloir faire de prosélytisme (quoique...) , j'aimerais revenir sur cet hommage rendu par le magazine américain avec pour toile de fond une deuxième réflexion qui, bien sûr est sous-jacente au titre : " Comment il va changer le monde !" car c'est bien de cela qu'il s'agit, aujourd'hui.


Steve Jobs sera-t-il le maître du monde. Non, ce n'est pas son graal ! Il est de toute autre nature et derrière ce visionnaire hors pair, se desine un humaniste exceptionnel.


Si l’obsession qui l'a animé à la création, en 1976 d'Apple computers a été clairement exprimée : "Je veux créer un ordinateur qui soit au service de l'Homme" lui a valu quelques déconvenues (on n'oubliera pas son éviction en 1985 de la société qu'il a fondée...) il lui a permis en revanche de se "refaire". Selon ses dires, son éviction lui a été bénéfique (cf le discours aux étudiants de Standford, à visionner sur http://vimeo.com/358828).


Eloigné, blessé, Jobs, dans un sursaut s'est, à l'ombre de Next (système d'exploitation qu'il a créé pendant sa traversée du désert), forgé un tempérament de super winer. Puis il est revenu en 1997, par la grande porte, a fait le ménage, a repris les rennes et a permis à Apple de redécoller après 12 ans à tutoyer le dépôt de bilan, sauvé par une injection de 400 millions de dollars par... Microsoft (qui a ainsi évité de se trouver en position d monopole, il n'y avait pas dans la démarche de Bill Gates d'autre objectif, alors que d'éviter un passage devant la Cour de Justice...)


Après avoir consolidé la seule société au monde qui, dans le domaine informatique, produise à la fois le matériel et le système d'exploitation agrémenté des logiciels optimisés et en phase avec les composants électroniques, il ambitionne d'aller encore de l'avant.


Il s'affranchit de l'étiquette informatique dès le début des années 2000, en transformant l'entreprise en Apple Inc. ; exit le "computers". Jobs s'est alors lancé à la conquête du grand public.


Supplanter Sony, maître incontesté dans le domaine de la musique (Sony vendait des chaînes, des walkmans et... de la musique) n'a pas traîné : en 3 ans, l'iPod et l'iTunes Music Store ont explosé deux générations de mélomanes (plutôt des rockers) habitués aux cassettes, CD. Jobs a institutionnalisé le MP3 (bien que son format "maison" soit le AAC).


En 8 ans d'existence, Apple détient 73% de parts de marché dans la vente de la musique online aux États-Unis... Jobs est passé maître dans l'art de vendre de la musique avec une idée simple : la vente non plus d'un album complet mais d'un morceau de musique à 0,99 cent l'unité. 8 ans, plus de 8 milliards de titres distribués par internet.


Un tsunami : Apple vainqueur de Sony par KO. Sony ne s'en remettra probablement jamais, après avoirt pourtant dominé de pieds en cap une industrie très florissante...


Puis épisode iPhone... là encore, inutile de décrire le succès phénoménal du terminal frappé d’une pomme... Un seul modèle (même forme, mêmes fonctionnalités améliorées) et non pas une gamme de 20, 30 modèles différents... un magasin en ligne pourvu aujourd’hui de plus de 100,000 applications.


Entendons-nous, pour le moment, un titre de livre est considéré comme une application à part entière. Cette logique va rapidement laisser place à une autre notion : la distribution gratuite d’applications permettant d’acheter un contenu payant. La roue tourne, l’affaire se bonifie. Ceci étant valable pour les jeux, l’édition de livrels, etc.


Et nous arrivons aux portes de Noël où, cette année, le livre électronique est promis aux plus belles ventes (3 millions de readers prévus), du contenu à se mettre sous la dent. Vivement la publication du Roman d’Arnaud (en cours de gestation par 3 jeunes auteurs qui s’attaquent à un monument prometteur, une écriture via internet, publiée au jour le jour via Facebook, voir le post précédent).


Un seul absent, un absent de marque : Jobs ne sera pas cette année aux premières loges. Le lecteur tant attendu, souhaité par les aficionados, ne serra, a priori annoncé qu’à la mi-janvier pour une commercialisation au printemps 2010...


Au-delà du symbole de Noël, Steve Jobs avance sur son jeu de Go et encercle un peu plus ses « adversaires ». Le produit et ses fonctionnalités seront exceptionnels, personne n’en doute. Mais, après, que sera le prochain « One more thing ! » ?


Steve Jobs n’a pas la réputation de dévoiler (y compris à ses proches lieutenants) sa stratégies ou les produits en gestation dans les laboratoires de Cupertino. D’aucuns murmurent la vidéo, la TV, ...

On n’a pas fin d’en entendre parler...


Malgré tous les travers que Jobs/Apple sous-entend (bas de laine de plus de 40 milliards $, capitalisation boursière de 147 milliards $ supérieure à un autre géant, Google), force est de constater qu’avec pugnacité et ténacité, le couple charismatique a aujourd’hui toutes les valeurs requises pour en faire le flamboyant étendard d’un humanisme qui annonce le virage vers l’économie du don et du partage.

Rappelons-nous que la santé de Steve Jobs, à deux reprises en 4 ans, a frôlé le pire. Il maîtrise néanmoins de main de maître la situation.


Le sillon est ô combien fertile. Soyons insatiables, soyons fous, à l’image du conseil qu’il nous prodigue en conclusion de son discours de Standford,


3 commentaires:

Gwen Catalá a dit…

Il est de ces hommes qui transcendent les générations.
En voici un qui est passé par tous les états de grâce. On le dit génial, tyrannique, humaniste, colérique, omniprésent, secret, mais omniscient. Une chose est certaine, ceux qui le connaissent vraiment n'en parlent que par bribes, et le Steve fait ce qu'il sait faire de mieux : son Job[s] ! Car Steve ne fait jamais rien comme les autres. Copier, pour quoi faire ? Améliorer, pourquoi perdre son temps à repasser, à colmater ce que d’autres n’ont pas réussi à obtenir du premier coup ? Steve a un rêve, une vision de ce qu'il veut que soit l'informatique, mais plus généralement, la vie. Ne croyez pas qu'il ne marche qu'à l'impulsion (qui n'a jamais ouï dire de ces fameuses colères légendaires, de ces lumières rouges interdisant l'accès à des zones tenues secrètes ?). Cet homme est bien plus réfléchi que nombreux de ses suiveurs. Car oui, à l'heure actuelle, s'annonce sous vos yeux ce que beaucoup pensaient tout bas. Steve Jobs n'a qu'une seule idée en tête, celle de changer notre monde et son interaction avec l'électronique domestique. Car Apple ne fait rien comme les autres. Là où on la dit axée uniquement sur de l'informatique haut de gamme (élitiste pour certains), elle surprend en dévalisant l'industrie de la musique, puis en réitérant avec celle de la téléphonie. Car si les quelques mauvaises langues [celles qui n'ont pas encore eu droit à leur précieux] hurlent à cor et à cri que l'iPhone c'est cher, que l'iPhone tout le monde en a un, ce sont ces mêmes utilisateurs qui pestaient contre des interfaces utilisateurs mal conçues, non communicantes, et j'en passe...

Une chose est sûre, Steve a réussi là où personne n'aurait pu. Visionnaire marketing, il est l'exemple parfait de ce que nous autres, français, avons du mal à appréhender : l'attitude gagnante. Steve est un winner. Mais là où dans notre beau pays de culture et de liberté [euh...], la winner attitude consiste à écraser les autres, il en est tout autrement de l'autre côté de l'Atlantique. Il sait comment transmettre sa passion, son envie et son émerveillement. Il n'y a qu'à voir ces fameux Keynotes. Nous tous, rêvons d'avoir un jour cette même lueur dans les yeux.

On l'a dit mort et enterré, on pronostique sans cesse la fin de cette formidable capacité à innover et à se réinventer. Mais le couple Apple/Jobs et sa fine équipe sont loin de vous, de nous avoir montré tout ce qu'ils ont dans la tête et comment leurs rêves vont servir les nôtres. Car Apple sait prendre son temps. Ni trop long, ni trop court, juste celui nécessaire à vous offrir le meilleur produit au moment le plus opportun.

Après, les mauvaises langues pourront dire ce qu'elles veulent...

jeanlou bourgeon a dit…

Bon et bien après cet éloge -d'aucuns crieront au troll :-)- je crois qu'il nous manque ici l'écho d'un détracteur. Il n'y en aura pas.

Les Mac addicts, comme toujours ont su, à l'instar de la communauté des évangélisateurs du livrel (qui dans leur absolue majorité sont des ardents défenseurs, aussi, du livre objet, entendez papier), constituent une "caste" souvent décriée, de passionnés guidés par sens aigu de l'esthétique et du fonctionnel : l'ergonomie.

Ils savent qu'ils ont entre les mains les meilleurs outils que Jobs a façonné pour eux (et pour les autres qui souvent, par méconnaissance) n'ont jamais goûté aux délices d'une interface conviviale.

Merci à Gwen de nous rappeler que c'est par l'innovation et la passion que Steve a ainsi créé le meilleur.

Son humanisme consiste tout simplement à mettre ton son génie de visionnaire "illuminé" au service de l' Homme !

Bois de Jade a dit…

S'il en faut un je serais celui-là! Ou pas ! Un peu détraqué et assez peu au faît des tracteurs ou autres Iphone, à défaut de tendre un bâton dans un essaim remplis de Mac lovers et de croqueurs de pommes à déssein, je ferais un commentaire sur ton look mister Bud!

En voyant la couverture de Fortune, je viens d'être frappé d'une évidence! Tu es un clone de Jobs! Tout m'apparait plus clairement maintenant.... Comme quoi, on peut s'appeler Jobs et rater une appli de temps en temps!!!!!