mardi 3 novembre 2009

Après Antoine (Gallimard), Serge (Eyrolles) remet le couvert

La mode est décidément aux doubles pages (format obligatoire pour parler livre numérique ?).


Anéfé (coucou, Xtine :-)) la livraison hebdomadaire du 29 octobre de "Le nouvel Économiste" étale sur une surface généreuse un dossier (tel Le Monde ce week-end ) sur... le livre numérique.


En fronton introductif, nous avons : Bibliothèque bleue avec pour illustration le pire des readers jamais vus (genre prototype 1980 et quelques : moche, épais, bardé de boutons, un truc vraiment repoussant, comme pour dire : vous n'allez quand même pas acheter cette horreur, voyez come il est laid...). Ça met dans l'ambiance, d'emblée.


On tourne la page et là, bien calé avec son Kindle, apparaît (tel Steve Jobs dans un de ses mythiques keynotes) ; c'est déjà plus sexy ! D'entrée de jeu c'est déjà moins orienté anti puisqu'on a droit à un éloge et aux vertus du livrel. Bien.


Au passage, clin d'oeil à Steve (Jobs) comme sur tous les articles diffusés ces temps derniers. S’en suivent des détails que nous connaissons tous sur Amazon, Kindle, Wifi, médias, ... Puis Google Books (rien de nouveau, Google est toujours diabolisé...) Ton plutôt positif, moins sulfureux que ce week-end ; on reprend tous les thèmes d'actu : l'arrivée du numérique en 2010, la BNF, Lyon (photo de Patrick Bazin), le coût de la numérisation (entre0,30 et 4 € la page), les relations auteurs/éditeurs, les bibliothèques, prix des liseuses, puis raccord avec un encadré à suivre en haut à droite : Serge Eyrolles.


Notons au passage les assises du livre numérique (pas dit dans le média sus-nommé) organisées par le SNE et donc le président Serge le 25 novembre à la Mutualité : j'y serai ; Virginie Clayssen introduira la commission numérique du SNE à 14 h 15. C’est jusqu’à 18 h. avec des retours d’expériences allemands, anglais et italiens.


Enfin, Serge Eyrolles s'exprime, sort de son silence (on attendait ça...). Mais bon pour annoncer dans un élan de générosité : "A terme je pense toutefois qu'il faudra que l'auteur soit le plus justement rémunéré pour les consultations online de ses ouvrages". J'ai mal lu ? Quid des téléchargement ? Voulait-il parler de la rémunération des oeuvres téléchargées ou seulement celles sui sont consultées online. Mystère et ambiguité. Suivent deux propositions eyrolliennes : forfait ou rémunération à l'acte.


Bizarre, à aucun moment je ne lis une quelconque allusion à un hypothétique dialogue avec les écrivains. Les seigneurs décident. Orthographié « ei » et non « ai ».


Sans doute une interpellation le 25 novembre sera-telle de nature à nous éclaire rpleinement sur cette annonce dont le sensprofond m’échappe.


Enfin pour clore ce panorama, nous retrouvons Alban Cerisier, bras droit d'Antoine Gallimard qui, bien évidemment n'allait pas contredire son boss avec un discours du même tonneau : "Le numérique est très angoissant pour les auteurs et formidablement anxiogène pour les éditeurs (tu parles, Charles) qui sont ceux qui garantissent (SGDG* comme on disait avant) par le contrat que le droit moral des auteurs est respecté.

Fermez le ban, merci surtout d'y avoir pensé...


On peut piocher l'essentiel sur le net Le nouvel Économiste ici ou se fendre de 4 euros pour la version papier que je viens de toper à la maison de la presse centrale au pied des halles.

En prime quelques chiffres repères mais surtout dans les pages à suivre, un bel hommage à la sérendipité, plutôt bien fait, pédagogique, bref de meilleure facture dans son ensemble que la version dominicale du boulevard des Italiens.


Enfin, grâce au numérique, les supports papier se vendent... Cela dit ne serait-ce pour la sérendipité, le click ... and paper (à propos du marketing direct) ou pour la double consacrée à vente.privee.com et la réduction espace-temps chère à mon ami Henry, mes 4 euros me réconcilient avec les rotos.


* expression des années 50-60 : "sans garantie du gouvernement", passée en désuétude, qu'il serait sans doute judicieux de réhabiliter...


Pensée pour Oriane, notre deuxième fille, future archéologue, en études à Montpellier qui fête ses 20 ans ce jour. Ajoutez-y 80 pour un hommage à une vie bien remplie, celle de Claude Levi-Strauss.

3 commentaires:

Gwen Catalá a dit…

Forfaits, rémunération à l'acte... J'ai parfois l'impression de me trouver en face d'un contrat de téléphonie. C'est opaque et sans fin. Mais bon sang, quand ceux qui ont longtemps fait le paysage littéraire Français, voire francophone, voudront enfin avouer que cette multiplication des offres, des plateformes, "solutions-maisons", drm, et ambiguïtés alambiquées avoueront enfin que le but à peine voilé est de protéger sa part de gâteau, aussi gâté soit-elle (il suffit de regarder celui de la musique), et surtout de perdre le consommateur final dans cette pléthore d'offres et de déclarations. Chacun y va de son commentaire, de son [expertise] dont je me garderais de tout jugement. Oui, pensons aux auteurs. Comment faire persister une cession de droit, et finalement toute une industrie qui n'est plus adaptée à nos modes de lecture? Ce qui est fort dommage, comme souvent, c'est que les effets d'annonce de vieux éléphants éclipsent les vraies questions. Avons-nous vraiment cessé d'inventer, pour nous contenter uniquement de pâles rustines ?

La chance sourit aux audacieux ! Et cela, ni Serge, ni Antoine n'y changeront quoi que ce soit. A vouloir contenir plus qu'innover, on finit par demander une loi qui sauve la face...

Pierre-Alexandre Xavier a dit…

Après Le Monde, c'est le tour du Nouvel Economiste. Mais venant d'un canard à la botte du capitalisme néolibéral, le discours me choque moins.
Et comme vous, je trouve la teneur moins apocalyptique (pour ne pas dire millénariste) que celle constatée dans Le Monde. Ce qui me fait peur dans le discours en pointillé, c'est la volonté de vouloir imposer un modèle similaire à celui du téléphone mobile. Le forfait c'est la fin des haricots pour les auteurs qui ne voyaient déjà pas beaucoup de droits après l'à valoir. Et surtout c'est la prote ouverte à un push commercial des plus grosses ventes au détriment d'une édition plus indépendante ou plus alternative. Il ne restera alors que le modèle gratuit pour les autres...
Si ce n'est pas un coup d'état, ça ?

jeanlou bourgeon a dit…

@ Pierre-Alexandre
Nous sommes nombreux à être en phase et à avoir une analyse proche. Prochaine étape : se rendre le 25 novembre à la Mutualité, prendre part au débat et interpeller comme il se doit avec vigueur le SNE sur un nécessaire dialogue avec les parties concernées. N'étant pas écrivain et défendant au nom de nul organisme (simple citoyen lambda, mais citoyen et donc impliqué dans le devenir de nos valeurs i.e de notre patrimoine, de nos cultures), nous nous devons de prendre une part active à ce combat. J'en serai et, présent le jour dit, ferai en sorte que la voix de ceux qui ne peuvent y aller soient un tant soit peu entendue. On s'y retrouve ?

@ Gwen
Je te sais, toi jeune auteur, loin de nous, proche de ton épouse et si proche de la naissance de ta fille, là-bas aux confins du Triangle d'or. Sache que je me ferai l'écho de ce que tu exprimes ici. Comme tu le sais, les Bretons (rappelons-nous Plogoff...) sont pugnaces... ne l'étant que de coeur, je me demande si ma pugnacité n'est pas encore plus décuplée ; je dois tant à ce peuple téméraire...